Le cours de ma vie, s’il ne m’a vu beaucoup dresser de tentes ni me déplacer en chameau, m’a rendu nomade plus que sédentaire. Je n’ai jamais passé plus de 6 ans dans un même lieu depuis ma naissance en Charente, pélerinant de part la France avec de brèves périodes à l’étranger jusqu’à mon arrivée à CVX aujourd’hui.
Après des études de Biologie et un service militaire en coopération, je suis entré dans la Compagnie de Jésus en 1999 commençant par les quelques années d’études traditionnelles. J’ai été ensuite orienté vers le monde de la jeunesse au sein d’équipes pastorales de différents établissements scolaires jésuites, à Bordeaux puis à Versailles et enfin à Reims. J’y ai appris l’art d’éduquer des jeunes, d’essayer de leur proposer les portes de la foi. À cet art s’ajoutait celui de la patience et de la persévérance, celui de traverser avec des jeunes parfois désarçonnants les échecs comme les joies inattendues. Les séances catéchétiques étaient moins « ordonnées » que les réunions CVX… et ce métier a su m’apprendre un peu l’humilité !
Quittant le monde des collèges en 2013 j’ai été alors envoyé au MEJ (Mouvement Eucharistique des Jeunes) pour y être aumônier. Ce mouvement riche et vivant m’a ouvert plus encore sur la pertinence de la spiritualité ignatienne pour les jeunes. Ici, beaucoup d’entre eux trouvent des amitiés profondes et vivent des expériences fondatrices. Je commençais alors à croiser quelques membres de CVX qui y apportaient une présence précieuse.
Nommé à Saint-Etienne en 2021, j’ai quitté le monde de la jeunesse pour d’autres missions dont la principale était au Secours Catholique. C’est ici une dimension de l’apostolat social de la Compagnie à laquelle j’ai toujours désiré prendre part (le vivant auparavant en de petites missions, en hôpital, par du soutien scolaire et plus brièvement en aumônerie de prison ou auprès de migrants). J’y ai ici beaucoup appris de cette capacité des hommes à affronter les épreuves, l’exclusion et parfois même le mépris.

Photo : A.Guillet
La CVX
Au début de cette mission stéphanoise, la CVX de la Loire m’a appelé pour accompagner une de leurs équipes. Celle-ci m’a introduit et formé même s’ils ne s’attendaient pas à voir dans leur sein un futur assistant… tout comme moi d’ailleurs. Ma vie de jésuite m’avait cependant permis d’en croiser les membres bien avant. J’y ai vu des personnes investies (dans leurs métiers, dans des associations, dans l’Église…), souvent à la parole libre et attachées à donner davantage de profondeur à ce qu’ils vivaient et engageaient. Cette « marque » me fait entrevoir une manière propre de vivre la spiritualité ignatienne, notamment dans des œuvres comme le Hautmont ou Saint-Hugues.
J’arrive donc parmi vous comme un nouveau mais avec cette familiarité d’un « cousin » à ses « cousins ». Il me reste un vrai chemin pour habiter l’esprit de cette famille, ses réalités du quotidien ou ses enjeux d’avenir. Il serait rapide de dire ce que j’en perçois dès mes premiers pas. Il me semble simplement que le monde en son entier, l’Église comprise, connait des bouleversements ou des crises importantes et même inédites. Ils nous concernent tous où il n’est pas question de rester immobiles ou dans la simple répétition des choses. Le dernier congrès avec le thème qui l’animait a montré combien CVX sait s’y rendre sensible, se laissant toucher, prête à se déplacer au-delà de ses « frontières. » Je garde en mémoire ce qui a été semé alors, les promesses que nous nous sommes faites. Je me souviens aussi cette veillée animée par le MEJ où nombre des membres de la CVX se mettaient à « gestuer » les chants MEJ ou dansaient à tout rompre. Cela m’a rappelé mes visites de camps d’été au MEJ où étaient présents des adultes de CVX auprès des jeunes. J’y perçois aujourd’hui une capacité de la Communauté à écouter, suivre et même se laisser surprendre par ce que vivent ces nouvelles générations puisqu’elles portent l’avenir du monde.

Une équipe Espérance (ES) lors d'un camp d'été MEJ
Me voilà donc « jeune » assistant dans CVX succédant à toute une lignée de jésuites. Ils ont apporté leur talent propre, parfois marqué plusieurs d’entre vous ! Et comme les jésuites ne se ressemblent pas ni ne sont des clones (du moins il faut l’espérer !) les assistants non plus. J’ai donc la joie d’arriver comme nouveau. J’entre maintenant dans cette barque !
Xavier Roger sj, assistant national