Mon expérience de l’international

Alors que j’étais à l’équipe service formation, dans les années 2010, nous avons cherché à nous approprier le document mondial de Progressio « processus de croissance, lignes directrices pour la formation cvx » sorti en 2009. Livre de 90 pages, très fouillé : si nous voulions le faire connaître dans les communautés locales, il nous fallait nous l’approprier pour en faire un document court, facile d’accès. Long temps de travail pour présenter « le Chemin de la CVX » qui n’avait plus que 10 pages. Depuis 2017, c’est devenu « Dynamique de croissance, vers une vie de discernement apostolique au quotidien ». Ma joie est que notre communauté soit mondiale et que c’est avec les chrétiens de plus de 70 pays que nous avançons. C’est essentiel pour moi de savoir que ce document est issu d’un chemin proposé par la CVX mondiale, que nous en faisons pas route parallèlement les uns aux autres, mais que nous sommes sur des chemins qui se nourrissent les uns les autres.

Lire la revue Progressio, c’est aussi me tenir informée de la vie de certaines communautés, d’essayer de sentir la différence dans nos modes de fonctionnement, ce qui n’est pas si simple !

Habitant Paris, et bercée dans ma famille par des relations internationales, j’aime accueillir ou passer du temps avec des CVX d’autres pays quand l’occasion se présente. Les échanges sont marquants, notamment le rapport à l’engagement : une canadienne française me disait « vous êtes combien en France ? », je lui répondais 6000 et aussitôt elle me demande combien d’engagés ? Je répondais « une centaine ». Stupéfaction de sa part : « nous sommes 80 et 40 engagés ». Même échange avec les CVX de Hong Kong venus passer 4 jours à Paris et que j’ai retrouvés au martyrium pour une messe « nous sommes 200 et 100 engagés ».

Un autre exemple fut la rencontre avec l’assistant CVX de Madagascar, une communauté avec des communautés locales très variées, tout au moins quand il est venu en France : si certaines communautés fonctionnent en cherchant à être une communauté apostolique, beaucoup en sont restés aux communautés mariales. Il a été surpris d’entendre une communauté locale relire son rapport à l’argent car, à Madagascar, les personnes d’une communauté se connaissent trop, ne serait-ce que familialement.

Tout cela a fait que lorsque j’ai su que l’assemblée mondiale était à Amiens, j’ai bloqué mes jours à l’avance car « je voulais y être » et je ne l’ai pas regretté ! Je me suis proposée pour un service, signalant des compétences en espagnol. Quelle joie de voir arriver les délégués CVX du monde entier en même temps ! Mais aussi, quelle tristesse de savoir que les ressortissants de certains pays n'avaient pas eu leurs  visas ! 

Les plus pauvres sont exclus, même en CVX. Quelle joie d’échanger avec les ressortissants de pays dont je connais la langue, comme bon nombre de pays d’Afrique ou du Moyen-Orient et l’Amérique latine. Quand je parlais avec eux dans les temps informels, j’avais au fond de mon cœur la situation politique, économique de ces pays, le Rwanda, Cuba, le Liban, … et tant d’autres. 

J’ai été marquée par le courage de ces chrétiens, car être chrétien dans certains pays demande beaucoup de courage ; je pense à tous ces pays où il y a beaucoup de corruption et où ne pas rentrer dans ce système est un grand risque : « on risque sa vie ». Après cela, il a fallu contempler tous ces délégués qui repartaient dans tous les pays du monde, savoir qu’on ne se reverrait plus, mais que nous allions rester compagnons. 

Aujourd’hui, des visages, des échanges restent au fond de mon cœur : allez les écouter sur les vidéos faites lors de ce congrès