Edgar et Elise sont membres de la communauté régionale Alsace. En juillet 2023, ils ont dit « oui » pour être responsables de l’équipe pilote chargée de créer de toutes pièces le congrès. Deux ans de service qu’ils nous racontent.
Quels talents pensiez-vous apporter en prenant cette responsabilité ?
Elise : Au départ, je ne me sentais pas compétente parce que je n’ai jamais organisé un tel événement et que je n’avais participé qu’à un seul congrès. Mais j’avais un grand désir d’organiser une fête pour la CVX et une grande confiance dans les membres de la CVX Alsace. Le discernement communautaire avait été unanime et enthousiaste.
Edgar : J’étais confiant dans le fait qu’on soit deux. Généralement, les gens nous renvoient que le fonctionnement avec nous deux est facile.
Elise : Oui, tous les deux, nous avons de l'énergie et… nous n’avons pas froid aux yeux. Nous aimons relever des défis et ça, ça nous porte.
Quels talents vous êtes-vous découvert ?
Edgar : Nous nous sommes découverts un talent autour de la gestion du groupe. Il y a eu quelques accrochages entre les gens qu'on a su bien réguler. Ça n'a jamais été problématique. Personne n'est parti en claquant la porte.
Elise : Nous avons été tenaces durant deux ans. Parfois, à la fin des réunions d'équipe pilote, nous n’avions brossé qu’une toute petite partie de ce qu'il fallait faire et malgré cela, nous avons tenu bon avec toute l’équipe. Nous avons mis notre créativité au service des équipes pour les encourager. C’était une forme de générosité de faire des sketchs, des choses légères, pour amener du rire et de la détente dans leur service. Le management d’équipe me faisait assez peur mais on a réussi avec Edgar car on portait le souci permanent de l’avancée de l’ensemble.
Edgar : Je pense que le mot “fédérateur” dit bien ce que nous avons su apporter à l'organisation du congrès. Et ça, j’en suis très content.
Pouvez-vous s’il vous plaît citer chacune, chacun trois joies du congrès ?
Edgar : Je pense d’abord à la la beauté de ce qui a été proposé, la reconnaissance des participants qui nous ont fait deux commentaires que j'ai trouvé très significatifs : cohérent et fluide. Cohérent, disait que la proposition que nous leur faisions se tenait, était colorée de la manière de faire de la CVX, que l'articulation des trois jours était bien pensée, était bien menée. La fluidité, parle plus du côté organisationnel des déplacements, du rythme, des mouvements de l’assemblée : un coup en plénière, un coup en petits groupes, des espaces de liberté ou de telle respiration. La troisième joie, c’est l'engagement des bénévoles. Nous venons de faire le calcul des heures de bénévolat, cela représente neuf équivalents temps plein annuel, c'est énorme, c'est un volume horaire vraiment considérable et les gens l'ont fait dans la joie. Il y a eu des moments où c'était compliqué de ne pas avoir la réponse des intervenants, de peiner avec un prestataire, de devoir « aller au charbon » pour négocier « le bout de gras » sur des petites choses et en fait, les gens l'ont fait avec bonne volonté et dans un esprit de service.
Elise : Il y a une parole de Pascale Zerlauth (responsable de CVX en France) qui m'a bien plu : « le congrès était réussi avant d’avoir démarré ». Je suis d’accord avec elle : il y avait quelque chose dans le travail collectif et dans la préparation qui était déjà beau. J'ai été très émue à l'ouverture du congrès parce que cela faisait deux ans qu'on en parlait et là, nous étions tous réunis dans la joie. Ce qui m’a fait le plus plaisir, ce sont les témoignages de gens qui ont été touchés, qui nous ont dit : « j'ai reçu un cadeau », « j'ai eu une révélation », « le Seigneur était là ». On a mis beaucoup d'énergie, beaucoup de créativité tous ensemble dans le but de donner à réfléchir, à comprendre, à sentir et ça a fonctionné. Une autre grande joie, c'est d’avoir été si bien entourés. Dans l'équipe pilote, il y avait des personnes ultra-compétentes, ultra-investies et en fait, on ne sait plus qui a fait quoi, parce que tout le monde a fait de tout. Il y avait quelque chose de très professionnel dans tout ce qui était fait : la décoration, la communication, la logistique, l’invitation de personnalités avec l'enthousiasme mais avec un plus : la fraîcheur qu'on ne retrouve pas forcément dans le milieu professionnel.
Pouvez-vous nous confier ce qui a été le plus dur ?
Edgar : D’abord c’est de tenir dans la durée. Deux années de service c’est long, surtout sur les douze derniers mois qui correspondaient à une année de transition professionnelle pour moi ; le cumul de tout a été dur à tenir. Autre point difficile : le fait que nous ne soyons pas des professionnels de l'événementiel. Il a fallu passer beaucoup de temps à imaginer les choses. Nous avons tâtonné, Nous ne savions pas trop si nous allions faire bien et c'est là que c'est important d'avoir des qualités relationnelles et humaines parce qu’il pourrait y avoir de l’animosité générée par cette incompétence.
C’était la première fois que nous avions le management d’une équipe dans un événement d’une telle ampleur, il y avait tout de même 90 bénévoles qui travaillaient activement à la préparation. A la fin, il a fallu lâcher-prise et faire confiance, nous avions brossé tous les sujets, parce que l'équipe pilote fonctionnait bien, au moment où cela se concrétisait, il m’a fallu accepter que d’autres fassent.
Elise : Ce qui était le plus dur c’était la pression temporelle. J’étais tout le temps en tension. Ce que je trouve dur c’est d’organiser dans un temps aussi réduit. Ce n'était pas confortable de ne pas pouvoir prendre un peu de hauteur, pourde ne pas se précipiter pour se dire « ça, ça fonctionne, ça, ça ne fonctionne pas ».
Le souci environnemental était au cœur de chaque commission. Cela a-t-il nécessité beaucoup d’efforts ?
Elise : On était tous à peu près d’accord dans l’équipe-pilote sur l’envie et la manière de prendre soin de cette question. J’ai l'impression que c’était facile de porter cette question car lorsque l’on a essayé d'avertir la Communauté sur les modes de transport, cela a marché. D’ailleurs un bilan carbone se profile et est prometteur car les trois-quart des participants sont venus en train, en bus ou à vélo. La Communauté est prête à entendre ce message-là. Niveau nourriture, trois repas sur quatre étaient végétariens, personne ne s'est plaint. Et puis il y a aussi toute la dimension qu'on oublie, ce n’est pas que l'environnement, c'est bien plus large, c’est l'inclusion. On a choisi un lieu qui était de plain-pied, confortable, pour que ce soit plus simple pour des gens vieillissants ou à mobilité réduite.
Edgar : Cela demande des efforts mais je reste convaincu que s’il n’y a pas d’efforts, il n’y a pas de souci environnemental. Naturellement le confort est plus énergivore. Il y a plein de moments où l’on s’est compliqué la vie parce que nous avions ce souci-là. Moi, ce que j'ai apprécié c'est que chaque commission a porté cette attention. Tout le monde y a pensé, donc ça veut dire que c'est un message maintenant qui est bien intégré. Certainement, on peut toujours faire un peu plus, on peut toujours faire un peu mieux, mais à chaque fois, nous avons relevé des défis, je pense à la vaisselle pendant les repas. Le traiteur voulait que nous louions de la vaisselle, des couverts et des verres et nous lui avons dit que les gens allaient venir avec leurs couverts et leur verre, qu’ils allaient les réutiliser et donc les laver eux-mêmes. Il nous a pris pour des fous mais nous savions que ça allait le faire et ça l'a fait.
Elise : Il y a aussi deux trucs énormes, c'est la déco et les fleurs. Forcément, cela prend plus de temps de faire pousser des fleurs, de les cueillir, de les arranger, que de demander à un fleuriste de venir et de faire des compositions. La décoration a entièrement été créée avec des matériaux récupérés. Cela a demandé du temps,de l’anticipation mais cela a généré plus de relation pour un résultat splendide et reconnu.
Chiffres-clés
- 0 écocup achetées (location disponible)
- 0 bouteilles plastique vendues
- 0 couverts plastique distribués (kits fabriqués par des personnes en réinsertion, avec des couverts récupérés par Emmaüs)
- 0 fleurs achetées (graines semées en amont pour constituer 325 bouquets de table)
- 3, le niveau maximum de labellisation, délivré par l’organisme Éco manifestations Alsace
Edgar : Cela a eu un beau fruit, les membres de ces commissions nous ont remercié en disant « c'est impressionnant, comme ça nous a fait du bien ». «Ça nous a fait grandir de nous rencontrer, de nous lancer dans cette aventure, de relever ce défi ». C'est un effort mais ça porte beaucoup de fruits.
Le congrès était une vraie réussite, quel a été votre secret ?
Elise : Le collectif et la fraternité, l’engagement total de chacun. Et je pense que ça a été réussi aussi parce que nous avons choisi d’ouvrir le congrès à la rencontre des associations et acteurs de terrain qui œuvrent pour la paix le dimanche. Cela avait du sens, ce n’était pas un entre-soi. Il y avait vraiment une toile d'araignée, un réseau avec la CVX au cœur.
Edgar : Je dirais le collectif, l’audace et savoir se décentrer, c’est-à-dire remettre le Christ au centre en ouvrant nos réunions par la prière. Cela nous rappelait qu’on n’était pas là pour se faire plaisir, qu’on avait une mission, celle de faire un évènement pour les compagnes et les compagnons et de le vivre en Christ.
Que pourriez-vous dire aux futurs responsables de l’équipe pilote du prochain congrès ?
Edgar : J’aurais envie de dire « soyez audacieux, n’ayez pas peur et faites confiance » parce que la Communauté est extrêmement riche, elle a beaucoup de talents. Le seul conseil que je donnerai c’est d’anticiper car chacun prend le temps de discerner en CVX ! En anticipant, en étant ambitieux et en faisant confiance, tout se résout. En deuxième conseil, je dirai de ne pas oublier de vivre la préparation et le congrès en Christ, de bien utiliser les moyens ignatiens pour vivre et animer ce projet et accompagner ces équipes.
Elise : J’ajouterai d’appeler largement et d’accueillir ceux qui le désirent. Il y a vraiment besoin de chacun, de tous les tempéraments et de tous les talents.
Propos recueillis par Pauline Gannot-Nardese
