Mon mandat d’assistant national de la CVX s’achève fin août. Il y a 6 ans, j’avais en théorie tout à découvrir de la CVX puisqu’auparavant j’avais obstinément refusé d’être accompagnateur de CL. En fait je me suis senti tout de suite « chez moi » et paradoxalement à ma place dans une Communauté laïque. En théorie, la Communauté aurait très bien pu se passer d’un jésuite et appeler en interne son nouvel assistant national comme elle le fait désormais pour quasiment tous ses assistants régionaux. Mais j’ai pu expérimenter que les liens tissés entre la Compagnie (de Jésus) et la Communauté sont une grâce pour nos deux entités.
En effet, la CVX est une « force » pour elle-même et pour d’autres. Ses compagnons « orientés » et « charpentés » sont un moteur des propositions ignatiennes dans l’Église. Au cours des années, j’ai été témoin de l’investissement de la Communauté dans la formation de ses membres. La plupart des journées et rencontres m’ont confirmé cette montée en puissance. Si un temps a été pour moi particulièrement révélateur, c’est bien l’entretien que j’ai pu avoir avec chaque futur assistant à l’occasion de son appel. Pour moi, ça a été une vraie source de consolation. Ma collaboration au sein de deux équipes service de la communauté nationale (ESCN) très différentes l’une de l’autre, a été une autre joie.
Au cours du mandat, le « Corps apostolique en devenir » qu’est la CVX a pris pour moi de plus en plus de consistance. Denis Dobbelstein, ancien président mondial, disait souvent que la CVX en France est une Communauté « post moderne ». Si elle n’a évidemment pas à se poser en modèle et si elle a certainement beaucoup de chemin à parcourir encore pour incarner pleinement la spiritualité ignatienne et cultiver sa familiarité au Christ, il m’apparaît évident qu’elle travaille en profondeur l’avenir de l’Église ad intra comme ad extra. Les engagements des compagnons dans l’Église et dans le monde sont étonnamment multiples. Tout se fait souvent à petits pas et à bas bruits et c’est sans doute très bien. La cohérence d’ensemble apparaît dans cette dynamique apostolique qui permet de se laisser trouver par sa mission plus qu’à chercher à la prendre.
Dans quelques jours, nous allons être 2300 « Artisans de paix aux carrefours du monde », rassemblés au Congrès de Strasbourg. Je formule le vœu que ce ressourcement communautaire, en union avec ceux qui n’auront pas pu venir, soit l’occasion de rendre grâce de ce que nous vivons déjà et qu’il nous ouvre aux défis de demain au service du Christ et de sa paix.
Pour conclure, si j’ai une évolution à espérer, c’est peut-être l’effacement du « plafond de verre » entre le « national » et le « local-régional ». Récemment lors d’une journée régionale, on m’a laissé entendre que ma participation était perçue comme la descente du « national » au niveau du terrain. Je me suis demandé si certains me voyaient descendre du ciel comme le Christ. Et j’avoue, ça m’a un peu inquiété. Il est vrai que je m’en vais… et que je ne vous laisse pas seuls. Xavier Roger sj va prendre le relais. Mais espérons que ni lui ni moi ne vous détourne de l’unique Sauveur.
Bonne route et bonne croissance à CVX… à la suite du Christ.
Bien fraternellement,
Hervé