Entretien avec les responsables décors du congrès

5 octobre 2025 par
Entretien avec les responsables décors du congrès
Com CVX
| 2 Commentaires

Les décors vous ont porté pendant le congrès ? Vous étiez en lien avec le congrès grâce au vidéo live et vous avez été épaté par leur profondeur ? Découvrons la genèse de ce travail d’artisanes avec Marie-Odile et Marie-Claire, responsables de la commission décors du congrès.

Comment avez-vous trouvé la trame de départ ?

Marie-Odile : Nous avons été associées à la préparation du congrès dès les premières réunions de la commission animation. Nous nous sommes laissées inspirer par les notions évoquées en petits groupes : être artisan, être acteur ensemble, donner une dimension textile au décor, en référence au logo du congrès. Nous avons fait des recherches, nous nous sommes nourries d’inspiration d’artistes et la forme du cercle est rapidement apparue évidente. Assez vite, nous avons compris qu’il nous fallait inventer un décor qui soit présent tout en laissant des espaces de respiration. 

Marie-Claire : Le cercle évoque dans toutes les cultures l'union, un échange équitable entre humains, où chacun peut trouver sa place. Nous avons creusé comment cela pouvait avoir du sens pour le congrès, que ce ne soit pas seulement beau.

M-O : Durant toutes ces phases préparatoires, nous avons eu besoin d’expérimenter des pistes techniques, de tester des idées. Nous avons fait des allers-retours entre les contraintes de la matière, celles du lieu et le sens que nous souhaitions insuffler. Deux ou trois personnes se sont associées à notre groupe comme Léna et Pierre, le mari de Marie-Claire qui a su donner des solutions techniques à nos idées.


La vie communautaire était bien retranscrite, comment avez-vous réussi cela ?

M-O : Ce qui était enrichissant, c’est que Marie-Claire faisait aussi partie de la commission animation spirituelle. Elle a créé un pont entre nos deux groupes. Cela a beaucoup contribué à construire une scénographie interactive, tout en laissant la place au temps du geste. Faire ce mouvement de tissage - et prendre le temps de l’accomplir - devant d’autres était vraiment émouvant.

M-C : La commission prière accueillante souhaitait faire quelque chose d’interactif pour mettre en présence les participants. L’équipe a proposé de tisser le logo du congrès sur scène. Une partie de cette idée nous a inspirées et nous avons fait un tissage en direct afin de mettre en œuvre cette notion de compagnonnage, que l’on voit que chacun a sa place à travers le tissage. La salle étant si vaste, nous n’avons pas répété les mouvements dans un autre lieu. Nous savions d’où allaient arriver les rubans mais nous n’avions pas prévu qu’ils passeraient au-dessus de la tête des participants. Cela a été un très beau mouvement qui nous a échappé. J’ai aussi trouvé beau le symbole du ruban orange qui représentait les personnes non présentes à ce moment-là mais associées : les artisans de paix, les intervenants, les enfants. Ces personnes étaient intégrées dans le tissage.

A-t-il été difficile de faire entrer le spirituel dans un domaine à l’aspect plutôt matériel ? Quel a été le cheminement ?

M-C : Pour moi, il ne s’agissait pas seulement de faire un joli décor, il s’agissait de servir le congrès et les participants et ainsi servir l'Évangile et le Christ. Nous nous sommes senties envoyées deux par deux, comme le Christ envoie les apôtres.

M-O : Tout au long de notre création, nous avions en tête la visée du congrès. Par exemple, nous voulions signifier que le Christ nous centre et qu’en même temps il nous envoie. Nous avons intégré la silhouette du Christ dans le tissage du cercle central : un Christ en mouvement, presque dansant, dans un cercle ouvert, pour qu’on sente à la fois sa présence et l'élan qu’Il nous donne. 

M-C : Beaucoup de personnes ont été touchées par la silhouette du Christ qui se dessinait au milieu du tissage. En fait, réaliser le Christ en creux était compliqué, alors nous l’avons cousu en surplomb. Je vous partage notre astuce : le Christ était de la même couleur que le fond de scène pour laisser penser qu’Il créait un passage dans le tissage.

Qu’avez-vous pensé du rendu final des décors ?

M-C : Ce qui nous a énormément touchées, c’est le fait de voir ces couleurs vives retranscrites sur les écrans, cela apportait beaucoup de joie, de dynamisme. En créant les décors, nous n’avions pas réalisé qu’ils seraient aussi présents dans le congrès.

 M-O : Les intervenants étaient ainsi mis en valeur par ces couleurs dynamiques. On peut remercier l’équipe régie (1) qui a porté le congrès : il y avait un grand sens de la composition dans le choix des images projetées (sept caméramans étaient en poste, ndlr).

A 2 300 participants, les écrans de retransmission sont indispensables.

Crédit : A. Guillet

L’idée de faire évoluer le décor de jour en jour a été saluée, comment en avez-vous eu l’idée et qu’avez-vous souhaité susciter ?

M-Claire : Sur scène, le trio de cercles est né suite à une inspiration de la commission animation spirituelle. Nous avons choisi la sobriété dans les deux cercles de part et d’autre pour mettre en valeur le Christ au centre. Ce décor ainsi conçu évoque les trois étapes de l’itinéraire qui nous a été donné de vivre. Le premier jour, sept couleurs représentatives de notre assemblée, riche de nos diversités, ont tissé le début du chemin. Lequel s’est prolongé sur le cercle central le deuxième jour. Après le temps de la rencontre avec les artisans de paix, nous nous sommes rassemblés autour du Christ ressuscité. Le troisième jour, le chemin tissé au fil des trois jours se prolongeait au-delà du dernier cercle, pour signifier l’envoi aux carrefours du monde.

M-O : Au cours de la semaine de préparation des décors à laquelle ont participé vingt-deux femmes, nous avons réalisé sept cercles. Au départ, nous avions imaginé tous ces cercles sur scène, mais en avançant avec l’équipe, nous avons été amenés à laisser de côté certaines idées. Et au fur et à mesure nous sommes allées vers plus de simplicité.

M-C : Ce qui a été très parlant et très touchant pour nous, c’est de voir ce que la co-construction nous a apporté. Nous nous sommes laissées surprendre par ce qui est sorti des petits groupes de la semaine de préparation des décors. Nous nous sommes laissées déplacer par leurs idées, nous ne voulions pas qu’elles soient seulement des exécutantes.

M-C : Nous avons fait le choix d’ouvrir très largement à tous et pas seulement à ceux ou celles qui avaient l’habitude de créer. Ce n’était pas des personnes choisies, c’est elles qui se sont sentis appelées. Des personnes extérieures à CVX sont également venues et ont ainsi fait une expérience de vie communautaire.

M-O : Chaque matin, nous vivions un temps spirituel suivi d’un moment d’accueil pour mettre à l’aise celles qui nous rejoignaient. Nous prenions des chants du congrès, un moyen de se préparer et de mettre dans l’esprit du congrès les personnes venues nous aider.

Pouvez-vous nous parler du souci environnemental de la commission ?

M-C : Notre but était de générer le moins de déchets possibles. Les tissus et les laines ont été collectés auprès d’amis, de compagnes et de compagnons : rideaux, nappes, chutes de tissus et de laine, rubans, draps … Pendant la semaine de préparation, certaines artisanes se sont laissées rejoindre dans leur quotidien à travers les tissus donnés qu’elles retrouvaient au sein des cercles. Ainsi, les éléments achetés ont représenté seulement 10% du volume total du matériel. Il s’agit de la corde qui a permis de faire la trame des cercles ou des rubans de la prière accueillante. Les matériaux utilisés (tiges en fer, béton des socles) ont été réutilisés. Certains cercles sont désormais à la maison diocésaine à Strasbourg (voir photos dans le diaporama).

Que pourriez-vous dire aux futurs volontaires de l’équipe décors du prochain congrès ?

M-O : Je pense que c’est important de faire partie de l’équipe d’animation dès le début de la réflexion sur la préparation du congrès. Cela nous a permis d’être attentives à ce qu’il y ait une unité dans ce que l’on ce que l’on donne à voir, à entendre ou à goûter, à travers les décors, les gestes, les paroles, la musique et les déplacements. Le décor n’est pas là juste pour orner ou décorer, mais pour porter pleinement le contenu du congrès. 

M-C : Je dirais deux mots : patience et souplesse. Il a fallu laisser évoluer l’inspiration au fur et à mesure des mois, rester ouverts aux nouveautés. Je dirai aussi que pour constituer l’équipe de réalisation, il n’est pas nécessaire de convier des personnes qui ont beaucoup d’expérience. Être ouvert à l’idée que les volontaires ne participent qu’à un moment du projet me semble également important. Voir l’œuvre qui naissait pas à pas sous leurs yeux a été édifiant pour eux.

M-O : Afin de constituer un binôme, nous avons été appelées séparément en sachant qu’une autre personne avait aussi reçu l’appel. Nous étions d’accord sur le fait de ne pas porter seule la responsabilité de guider le processus de création du décor, parce que cela semblait être une aventure presque irréalisable. A deux cela devenait possible, notamment grâce aux talents de chacune. Nous avons en effet en commun une fibre artistique : je suis artiste plasticienne et Marie-Claire fait de la céramique. Chacune a dit oui aussi parce que nous nous connaissions déjà. Nous faisons partie de la même CL, dont je suis responsable et au sein de laquelle Marie-Claire est accompagnatrice. La CL m’a vraiment portée dans ce temps de préparation du congrès.

Propos recueillis par Pauline Gannot-Nardese

(1) Moyens techniques : Mal'ak évènements 

Crédits : M-O Wagner ​

↪️ Retour à la newsletter


Se connecter pour laisser un commentaire.